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Outremont Autrement
23 février 2008

Triomphe de l’opacité à l’assemblée du Conseil

Dès le début de l’assemblée spéciale du Conseil du 18 février, notre mairesse a fait comprendre que ses réponses, dorénavant lapidaires, seraient tout au plus informatives: elle entend ne pas expliquer, encore moins justifier, ses décisions de politique. Indigné de voir la période des questions réduite à l’insignifiance et des concitoyens péremptoirement rabroués, conscient aussi qu’aucune question ne recevrait de réponse satisfaisante, j’ai quitté la salle. J’aurais pourtant souhaité en savoir plus long sur les commissions consultatives permanentes, rebaptisées « comités » pour une raison qu’elle a carrément refusé de dévoiler.

(1) Nommés par le Conseil, les membres de ces comités se réunissent périodiquement sous la présidence d’un élu. Selon le site électronique de la mairie, parce qu’ils ne tiennent pas leur mandat de la population, ils ne délibèrent pas en public. Sauf indiscrétions rarement vérifiables, leurs délibérations et leurs conclusions demeurent secrètes.

Le Conseil ne se met-il pas ainsi en position de refiler aux membres muselés des comités la responsabilité de décisions arrêtées pour ses raisons propres, inavouées et peut-être inavouables? En bout de piste c’est le Conseil qui décide: si ses décisions vont à l’encontre des avis de membres d’un comité, personne n’en saura rien.

(2) À moins que son mandat n’ait été modifié, le comité sur les relations intercommunautaires a, entre autres tâches, celle de « favoriser une meilleure compréhension mutuelle entre les différentes communautés ethniques, culturelles et religieuses sur le territoire ». Y siégera toujours un membre éminent de la communauté hassidique qui, à de nombreuses occasions, a été pris en flagrant délit d’infraction à divers règlements. À l’assemblée du Conseil d’octobre 2007, des résidants ont réclamé sa destitution, appuyant leur demande d’un dossier de quatre-vingt-onze pages avec texte explicatif, reportages de journaux et de services de presse, et une centaine de photographies. Le Conseil a refusé de donner suite à la requête sous prétexte d’abord qu’il s’agissait de la vie privée (!), et ensuite que, de toutes façons, les infractions avaient été commises à l’extérieur de l’arrondissement. Certaines, en effet, l’avaient été, mais, s’étant produites sur la chaussée d’une rue dont un côté est situé dans Outremont, elles en importunaient des résidants. Vu le comportement de cet individu, peut-on imaginer que sa participation renouvelée au comité puisse « favoriser une meilleure compréhension mutuelle entre les différentes communautés ethniques, culturelles et religieuses sur le territoire »?

Pour justifier son refus de répondre à une question sur une affaire semblable, la mairesse a déjà prétexté que la cause était devant les tribunaux. C’est faux: le 19 novembre dernier, le procureur du personnage impliqué a fait tenir à l’initiateur de la requête une mise en demeure le sommant de se rétracter dans un délai de dix jours et de payer un dédommagement de 100 000 $. Trois mois après cette menace de procès-bâillon – procédure à laquelle prétend pourtant s’opposer le procureur en question –, il n’y a eu ni rétractation ni suite à la mise en demeure: l’affaire n’est donc pas devant les tribunaux. Cette façon d’étouffer débat rappelle tristement une tactique fréquente de Maurice Duplessis: pour éviter de répondre à des questions sur quelque affaire embarrassante, il refusait en répliquant que l’affaire était sub judice. Duplessis, est-il nécessaire de le rappeler, ne jouit pas précisément de la réputation d’avoir été un parangon de la conduite démocratique.

Pierre Joncas

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