Madame Cinq-Mars et le déni de l’autre (1)

A la dernière séance du conseil, Mme Lafortune s’est présentée au micro à la période de questions pour parler du pot de poinsettias que Mme Cinq-Mars, mairesse d’Outremont, a offert aux résidents de la Résidence Lisette Gervais à Outremont. En ces temps des fêtes de fin d’année, l’attention était louable et digne de mention.

Mme Lafortune a constaté que le cadeau était accompagné de la carte d’affaires publique de Mme Cinq-Mars indiquant mairesse d’Outremont et de la carte de vœux officielle de l’arrondissement qui portait le logo d’Outremont. Cette carte était signée par Mme Cinq-Mars et par trois conseillers : Marie Potvin, Louis Moffat, Ana Nunes, tous d’Union Montreal, le parti politique de Mme Cinq-Mars. Mme Lafortune s’est montrée étonnée que la signature de Céline Forget, la conseillère indépendante nouvellement élue, n’y figure pas.

Mme Cinq-Mars a eu une première réponse surprenante : elle avait dépensé ses propres deniers pour offrir ce cadeau et il se pouvait que des résidences de personnes âgées d’Outremont aient aussi bénéficié de cette marque de sympathie de la mairesse. L'amalgame entre ses propres deniers et ses fonctions de représentation élective n’a pas ébranlé Madame Cinq-Mars.

Plus épineux était le fait que Mme Forget n’ait pas été informée de cette démarche et qu’elle en ait été exclue de facto par Mme Cinq-Mars. Plus gênant encore est le fait que malgré l’incongruité politique de la situation révélée par les questions de Mme Lafortune, Mme Cinq-Mars ait campée sur ses positions, visiblement satisfaite d’avoir monté sa campagne de relations publiques dans les résidences des personnes âgées d’Outremont exclusivement pour le compte d’Union Montréal en laissant Céline Forget sur le bord de la route.

Chacun des conseillers est resté muré dans son silence, cautionnant ainsi la position de Mme Cinq-Mars. L’échange entre Mme Lafortune et Mme Cinq-Mars devenait surréaliste mais entendre la mairesse se justifier, en conclusion, en arguant que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, agissait probablement de la même façon nous a fait franchir la limite de l’inconvenance et de la mauvaise foi.

Que Mme Cinq-Mars, dans ses fonctions de mairesse, ait engagé le conseil d’arrondissement en excluant la conseillère indépendante d’une démarche publique officielle est contraire aux obligations de sa fonction élective démocratique qui la consacre représentante officielle de tous les conseillers et de tous les citoyens d’Outremont. Que Mme Cinq-Mars se soit servie de sa position de mairesse pour faire la promotion d’Union Montréal en dit long sur son esprit anti-démocratique, sur son incapacité politique à prendre en considération l’autre, celui qui n’adhère à son idéologie partisane, même s’il est élu par le suffrage populaire.