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Outremont Autrement
16 janvier 2008

Le pouvoir à tout prix

Les résultats des élections partielles sont tombés ce dimanche 16 décembre 2007 vers 20h30, dans la salle du conseil de l'hôtel de ville d'Outremont. Mme Cinq-Mars a été élue maire d'Outremont avec 2073 votes, 47% des bulletins exprimés. M. Marsan, le candidat de Projet Montréal est arrivé second avec un peu plus de 37 % (seulement 424 votes derrière Mme Cinq-Mars). Mme Hernandez, candidate de Vision Montréal, a fermé la marche avec 15%.

L'élection de Mme Cinq-Mars n'a pas été une surprise. La machine électorale d'Union Montréal, un des héritages de Jérôme Unterberg qui l'a léguée à Union Montréal via Stéphane Harbour, est bien rodée depuis 1995. Mais la victoire, qui n'en est pas une que de machine électorale, s'explique aussi et surtout  parce que ces élections partielles ont été contrôlées, de A à Z, par le maire Tremblay et ses stratèges.

D'abord, ils ont contrôlé l'agenda en choisissant le plus court délai pour fixer la date (dans les 2 premiers mois suivant la démission de Stéphane Harbour alors qu'ils disposaient de 4 mois et plus selon la loi). La stratégie était fort simple : prendre les partis d'opposition par surprise (ni Vision Montréal, ni Projet Montréal ne sont bien implantés à Outremont) pour ne pas leur laisser le temps de se constituer des appuis efficaces, opérationnels immédiatement. Ensuite, le plan de communication a été percutant pour faire accepter cette date précipitée. Sous couvert de l'urgence de redonner à Outremont sa stabilité, le choix politique du maire Tremblay s'est avéré indiscutable, peu de personnes sachant par ailleurs que le maire avait plus de latitude pour choisir la date des élections. La stratégie d'Union Montréal a aussi comporté une dimension moins honorable: celle d'avoir contrôlé les informations dont les citoyens auraient eu besoin pour voter en connaissance de cause. Les citoyens se sont déplacés par une fort belle tempête d'un dimanche frileux sans connaître les enjeux véritables de ces élections partielles.

La gestion des fonds publics n'a pas été abordée pendant la campagne électorale alors que c'est précisément à cause de la mauvaise gestion de l'administration Harbour que ces élections ont été déclenchées. On comprend qu'Union Montréal ait ignoré le sujet. Absents des dossiers chauds d'Outremont, les partis d'opposition ne possédaient pas les informations qui auraient pu les aider à poser un diagnostic des pratiques de l'administration Harbour/Cinq-Mars, à faire des contre-propositions concrètes en vue d'assainir la gestion financière. Ils se sont retrouvés le bec dans l'eau, incapables de définir le principal enjeu de cette campagne, d'en prendre la direction et de forcer Union Montréal à fournir des explications aux citoyens d'Outremont.

Union Montréal a profité au maximum de cette évanescence, d'abord en verrouillant les informations sur les coûts du centre communautaire et surtout, sur le pourquoi de cette facture qui est passée du simple au double. Malgré les vérifications et les enquêtes en cours, l'administration Union Montréal aurait dû rendre compte du montant officiel de  8 500 000$ qui apparaît dans  le rapport du maire sur la situation financière d'octobre 2007. En attendant les éclaircissements sur la réclamation supplémentaire de 2 800 000$, l'administration actuelle se devait aussi de justifier  le bond de 1 700 000$ entre décembre 2006 et  octobre 2007. Avant de voter, les citoyens d'Outremont étaient en droit de connaître le bien-fondé des 8 500 000$ qui sont déjà sortis de leurs poches.

Union Montréal a aussi contrôlé toutes les informations au sujet de l'avancement du projet de la cour de triage en cours de révision dans les officines politiques et professionnelles. Le parti de Madame Cinq-Mars ne s'est même pas donné la peine de publier un feuillet d'information sur le processus de suivi du rapport de l'Office de consultation publique de Montréal avec un échéancier à la clef. Les informations – succinctes - sont sorties au compte-gouttes au gré des questions des citoyens et des journalistes. Ce défaut de l'administration Tremblay/Cinq-Mars d'informer adéquatement les citoyens sur ce qui est en cours est d'une insoutenable légèreté. D'aucuns diront que ce n'est qu'une coïncidence que les élections partielles aient eu lieu avant que le projet révisé n'ait été rendu public. Drôle de coïncidence qui fait que les citoyens ont été placés dans l'obligation de voter à l'aveuglette sans rien savoir de ce projet qui va bouleverser leur environnement.

Pendant cette campagne, il n'y eut aucun débat (mis à part le schématique « pour » ou « contre » le campus de l'UdM) et très peu de propositions concrètes. Les candidats ont surfé sur des principes de rigueur, d'intégrité, etc ... qui, dans le contexte d'Outremont ne veulent rien dire.

Les partis d'opposition, au lieu de dénoncer vertement – et de concert - ces élections précipitées, se sont laissés prendre dans l'étau tendu par Union Montréal. Chacun a voulu, à sa manière et par calcul politicien, tirer profit de la débandade qui touche Outremont : Projet Montréal en misant sur un candidat vedette, Vision Montréal en choisissant une candidate locale. Les deux partis ont perdu leur pari. Vision Montréal semble prêt à tirer des leçons réalistes de cette expérience. Projet Montréal, porté par les résultats, voit déjà son étoile briller au firmament du statut d'opposition officielle à l'hôtel de ville de Montréal et attend le grand jour ... de 2009. En attendant, sans opposition « parlementaire »,  les citoyens d'Outremont se retrouvent avec le même cas de figure qu'avant ces élections, c'est à dire avec un parti unique au pouvoir. Le schéma est de bien mauvais augure.

Comment les 53% qui ont exprimé leur désaccord à la politique Tremblay/Harbour/Cinq-Mars vont-ils s'exprimer? Les dossiers sont nombreux. Les dysfonctionnements sont graves. On sait qu'Outremont est sous enquête policière: est-ce des personnes ou le système qui est en cause? Que va t-il se passer sur le terrain pendant ces deux prochaines années? Avec la culture politico-administrative actuelle, brinquebalante et sclérosée. Avec les factures salées qui s'annoncent. Avec le projet secret de la cour de triage. L'histoire des bouteilles de scotch et des comptes de dépenses n'est que la pointe de l'iceberg. Outremont est une pétaudière.

Que va faire Marie Cinq-Mars qui s'est comportée en conseillère soumise pendant les 8 années où elle a occupé le poste auprès de Stéphane Harbour? Pourra-t-elle longtemps jouer l'angélisme de celle qui « n'a rien vu, n'a rien entendu, n'a pas été écoutée » qui a été sa marque de commerce depuis juin 2007 et pendant la campagne électorale, elle qui a voté toutes les résolutions qui ont mis Outremont dans le pétrin financier et dans l'indigence. Pourra-t-elle jouer l'héroïne encore longtemps en misant sur le fait que c'est elle qui a alerté le maire Tremblay sur les bagatelles des comptes de dépenses alors que le maire Tremblay avait été averti des dysfonctionnements de l'administration Harbour/Cinq-Mars dès 2005-2006?

Union Montréal a gagné une bataille de main de maître qui ne laisserait pas Machiavel indifférent. Les partis d'opposition, au lieu de dénoncer le piège de ces élections précipitées dans un premier temps et de s'allier dans un deuxième temps, ont joué une partie perdue d'avance. Résultats : la démocratie est dans les seules mains des plus habiles. 12 % de la population va imposer ses politiques et ses résolutions à 100% de la population. Avec ces élections qui se sont déroulées sous la gouverne d'Union Montréal, le parti au pouvoir qui a bafoué la plus élémentaire transparence, les citoyens d'Outremont se retrouvent aujourd'hui orphelins de la démocratie.

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